Certaines décisions somme toutes banales du quotidien, peuvent parfois être les synonymes des plus beaux engagements politiques et humains. J’ai d’ailleurs souvenir d’une histoire qui m’a été racontée par Camille Lacroix, amie et par ailleurs illustratrice de la première maquette du canard : en 2004, son propre grand-père a tout bonnement refusé de se raser la moustache en guise de protestation contre Gbagbo, ancien président forcené et récalcitrant de Côte d’Ivoire. Et ce, jusqu’à l’arrestation de ce dernier en 2011. Hommage rendu, introduction faite ; écho au mouvement Movember proposé.
« Savoir, c’est pouvoir. La moustache, c’est royal »
C’est le slogan du mouvement. En clair, Movember (de la contraction de « moustache » et de « november ») est un évènement annuel, incitant les hommes du monde entier, chaque mois de novembre, à se laisser pousser la moustache. Objectif : sensibiliser l’opinion publique à toutes les maladies masculines, type le cancer de la prostate.
Lancé en Australie en 2003, Movember communique sur la prévention des maladies masculines et aide au recueil de dons. Au mois de novembre dernier, 855 000 hommes ont laissé pousser leur moustache, symbole de leur engagement, collectant au passage 92 millions d’euros. 855 000 hommes ou « Mo Bros » comme ils se font appelés (soutenus par les « Mo Sistas ») qui ont la même envie de « changer le visage de la santé masculine ».
Rencontre avec quatre acteurs de Movember : Cédric et Pierre, serveurs au bar La Grange, à Bordeaux et leurs moustaches.
Photos : Nicolas Dugast





Salut les garçons, comment avez-vous découvert Movember ?
Cédric : grâce à notre patron (ndlr : le gérant de La Grange et de la Cale sèche, à Bordeaux) qui en travaillant dans des bars anglophones, a découvert ce mouvement. En fait, la France n’est pas encore l’un des pays donateurs, il y a donc vu une bonne occasion de faire connaître Movember. Une bonne occasion aussi de toucher notre clientèle, d’en attirer une nouvelle, principalement les jeunes de la Victoire qui se désintéressent de la musique des années 50-60, du rock’n roll en général. Nous aimerions qu’ils parviennent à se poser les bonnes questions en ce qui concerne les maladies masculines, un sujet qui peut les toucher, qui peut toucher leurs proches.
Des évènements à venir pour encourager vos clients à participer au mouvement ?
Cédric : pendant tout le mois de novembre, nous proposons à La Grange, un cocktail sans alcool, un cocktail avec alcool et un shooter qui par leurs ventes, nous permettront de reverser une partie des bénéfices à l’association. Nous avons trouvé intéressant de proposer aux clients de faire un geste, de participer sans donner plus d’argent que d’habitude. Aussi, le 30 novembre, nous organisons une soirée à l’ancienne, « Movember Prohibition Party » : jeux de Blackjack, jeux de roulettes, faux billets et surtout, moustaches !
Pourquoi avoir choisi de participer au mouvement ?
Cédric : ça me touche personnellement évidemment puisque ça touche tous les hommes. Mon père a récemment fait des tests d’ailleurs, ça aussi ça m’a mis la puce à l’oreille. Mais je ne suis pas plus inquiet que ça, le dépistage ne se fait qu’à partir de 50 ans. Clairement, l’initiative Movember m’intéresse.
Pierre : ça me touche aussi personnellement puisque j’ai une prostate ! Je bosse dans les deux bars, je n’étais pas obligé de suivre le mouvement Movember en me laissant pousser la moustache, je ne connaissais pas mais ça me plaît bien. Et puis, oui, effectivement, je suis concerné. J’avais envie de prendre soin de ma prostate, j’aimerais qu’on prenne tous soin de notre prostate (rires).
Et alors, pendant le mois de novembre, comment vous occupez-vous de votre moustache ?
Cédric : l’intérêt, c’est de la laisser pousser au maximum pour qu’elle parte bien sur le côté, comme Pierre ! Il ne faut pas qu’elle soit trop longue ceci-dit. J’ai choisi de garder ma barbe aussi mais je rase sur le côté : si ça touche la barbe, ce n’est plus une moustache.
Pierre : ma moustache ne rebique pas de façon naturelle, je la coiffe avec mes doigts tous les matins. Je travaille ce merdier quoi !
D’où vient-elle, cette tendance moustache ?
Après avoir connu la tendance dominante de l’homme sans poil, quasi-métrosexuel pendant des années, voilà que la moustache (et sa barbe) se met au goût du jour. Avec le retour du vintage, l’ancien qui devient le nouveau nouveau, la moustache semble être l’un de ces must have masculins. Et féminins. Explication.
En 2003, un tatoueur américain lance la « fingerstache », en gravant sur le côté du doigt de ses amis une moustache. C’est apprécié, approuvé, relayé par les médias sociaux et imité par les internautes. La moustache devient alors un véritable phénomène de mode et de société. Pour les hommes, c’est une nouvelle approche du poil, un nouvel élément de séduction ; pour les femmes, c’est une nouvelle façon d’accessoiriser une tenue : vêtements, bijoux, chaussures et autres. D’ailleurs, la moustache se présente même lors des défilés, en tête celui de Vivienne Westwood et ses moustaches dessinées au crayon noir.
Utiliser une tendance aussi implantée que celle de la moustache pour faire parler de sujets sensibles ? Une entreprise réussie et mise à l’honneur par le canard de Quennie.
Sylvie, Enfin moi17 novembre 2012 à 19 h 37 min
Génial cet interview.
Je me suis régalée en lisant ses réponses
Gros bisous